Gabon : quelle est l’histoire de l’île Samory ?

Article : Gabon : quelle est l’histoire de l’île Samory ?
Crédit: Wikipédia / Domaine public
27 avril 2021

Gabon : quelle est l’histoire de l’île Samory ?

Vue de l’île Samory. Crédit photo : Le journal de Ndjolé

L’île Samory est une langue de terre qui mesure 500 mètres de long, couverte par un épais manteau forestier sur le fleuve Ogooué. Avant la transformation de Ndjolé en bagne en 1898, cette île était une île comme toutes les autres.

Les occidentaux qui fréquentaient Ndjolé à cette époque l’appelaient « l’île Missanga ». Contrairement aux autres bagnes du Gabon (Libreville, Loango), l’île Samory était véritablement un lieu d’enfermement par sa géographie. Située dans la ville de Ndjolé, province du Moyen Ogooué, l’île Samory offrait le cadre idéale pour isoler, enfermer les fauteurs de troubles dans les colonies françaises d’Afrique. C’est ainsi qu’en 1898, l’île Missanga ou l’île-prison d’alors recevait son premier pensionnaire.

Le premier fut l’Almany Samory Touré (au milieu de la photo), grand guerrier Guinéen qui lutta farouchement contre la France et fut déporté à Ndjolé pour y purger sa peine. Lors de son incarcération à l’île-prison, il était accompagné de ses deux épouses (photo). L’une d’elles lui donna un enfant à Ndjolé nommé GaboniSaran. Il y avait aussi son ami Morifindjan Diabaté (à droite de la photo), son fils Sarankén Mory (à gauche de la photo) qui avaient été condamnés à la même sentence que lui. Il mourut le 2 juin 1900 à l’âge de 70 ans, des suites d’une pneumonie.

Samory Touré au centre de l’image, ses deux épouses derrière lui, son ami Morifindjan Diabaté à sa droite, son fils Sarankén Mory à sa gauche, une de leur servante et les deux colons à chaque extrémité de l’image. Source : Facebook / Domaine public

Ensuite, il eut cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, résistant Sénégalais et chef des Mourides, qui fut envoyé à Ndjolé pour y être jugé. C’est d’ailleurs à Ndjolé que Cheick Ahmadou Mbamba rencontra Samory Touré pour la première fois. Il mourut dans son pays.

Cheikh Amadou Bamba. Source : Wikipédia / Domaine public

Puis vint Fassiné Oularé, Originaire de Guinée et condamné à perpétuité. Il fut également déporté à l’île-prison. Fassiné Oularé arriva en 1903 mais bénéficia d’une remise de peine en 1911, avant d’être rapatrié dans son pays la même année.

Ensuite, il eut aussi Ago-li-agbo, son nom de naissance était Gouthili, dernier roi du Danhomè. Il arriva à l’île-prison en 1900 à la suite d’une condamnation, et fut rapatrié chez lui en 1910. Il était accompagné de l’un de ses fils Ahlila et de deux de ses femmes. Elles donnèrent naissance à trois garçons à l’île-prison.

Le roi Agoli-Agbo et sa cour. Source : Wikipédia / Domaine public

Dossou Ideou et Aja Kpoyizoum sont aussi des déportés politiques du Danhomè. Ils sont arrivés à l’île-prison en 1902, avant de bénéficier d’une remise de peine 11 ans plus tard. Aja Kpoyizoum mourut noyé accidentellement sur la route les menant à Libreville pour Cotonou. Seul Dossou Ideou retourna au Bénin.

Continuons avec un certain Mohamed, déporté politique de l’Oubangui-Chari (Tchad). Il arriva à l’île-prison en 1906.

Miokhor Diouf et Amadou Fall sont des déportés politiques du Sénégal. Ils arrivèrent à Ndjolé en 1904 et 1906.

Enfin, Amangona et Mombo étaient des déportés politiques de la Côte d’Ivoire. Ils arrivèrent en 1902 et bénéficièrent d’une remise de peine en 1909. Kakou est aussi un autre déporté politique ivoirien, décédé en internement en 1909.

Les habitants de Ndjolé appelaient ces prisonniers « Les Danhoméens« , sans faire de distinction d’origine. De tous ces détenus, Samory Touré fut celui qui marqua l’esprit des populations locales, et même les occidentaux. C’est ainsi qu’après sa mort, l’île fut baptisée à son nom. Depuis lors, nous l’appelons tous, « l’île Samory ».

Beaucoup de choses restent à raconter sur cette magnifique île, qui est un symbole de Ndjolé, mais aussi de la représentation de ce qui est unique chez les Ndjoléens.

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